Il l’appelait « lumière blanche ». Et c’est à travers celle des aubes et des crépuscules qu’il l’avait découverte. Quand, en 1917, Alfred Stieglitz découvre les œuvres de Georgia O’Keeffe, c’est une révélation. La toute jeune peintre a envoyé une de ses amies en ambassadrice auprès du grand photographe avec pour mission de lui présenter quelques-unes de ses aquarelles. « Je crois que je préférerais que Stieglitz – plutôt que n’importe qui d’autre – aime quelque chose, n’importe quelle chose, que j’ai faite », lui avait-elle confié.
Stieglitz découvre les œuvres dans la galerie 291 qu’il a dévolue aux artistes de son cœur, sur la Ve Avenue de New York. « Ce sont les choses les plus fines, les plus sincères et les plus pures qui sont entrées au 291 depuis un bon moment ! », s’enthousiasme-t-il au premier regard. Il a 53 ans et se trouve au faîte de sa gloire ; elle connaît les brouillards des autochromes de ses débuts, sa défense forcenée de l’avant-garde européenne, qu’il a fait découvrir à l’Amérique, et aussi le cercle de photographes et de peintres qu’il a constitué, tout entier dévolu à l’invention d’une modernité nouvelle. Elle a 30 ans à peine et encore tout à prouver.
Elevée dans les immensités de Sun Prairie, dans le Winsconsin, puis enseignante à Amarillo, au Texas, elle s’est promise dès ses premières années aux vastes horizons. La communion devient très vite intense avec celui que Man Ray décrit ainsi : « Un homme, amoureux de tout. (…) Ses yeux ne jettent nulle étincelle. Ils brûlent de l’intérieur. L’homme est incontournable. Tout le monde le touche et personne ne l’ébranle. » Sauf Georgia. Il l’épouse en 1924, après avoir quitté sa première épouse. « Tu as un cœur assez grand pour contenir tout le ciel – et tout ce que le ciel signifie », lui écrit-il.
A ses yeux, elle couve la promesse de devenir une peintre « suprêmement américaine » : son obsession à lui, de faire surgir une esthétique complètement dépouillée de cette Europe d’où viennent ses ancêtres. Elle, qui « plonge ses racines dans l’Amérique », incarne mieux que tout autre ce rêve…
Freud, Einstein, le bouddhisme, l’occultisme
Dans les années 1920, ils vivent ensemble au sommet du Shelton Hotel, installé dans un gratte-ciel de Manhattan : ils s’y croient « au milieu de l’océan ». La ville qu’elle dépeint alors est une cité lunaire, ses avenues ont des allures de canyons. Freud, Einstein, le bouddhisme, l’occultisme, ils partagent tout, lectures et influences. Il l’initie à la musicalité de Kandinsky, à la nécessité d’exprimer, à l’instar du peintre, la dimension spirituelle du monde visible ; elle lui fait partager sa fascination pour les estampes japonaises.
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