Révolution dans le monde du streaming : pour la première fois, une plate-forme se paye un studio de cinéma. En signant un accord d’achat de la MGM pour 8,45 milliards de dollars (environ 6,9 milliards d’euros), Amazon Prime Video met la main sur un catalogue de 17 000 contenus télé et 4 000 films avec des pièces maîtresses comme la saga « James Bond », et entend bien se relancer dans la course qu’il mène face à deux autres géants, Netflix et Disney +. Ce rachat, qui n’est pas encore conclu car il doit recevoir l’aval de l’autorité de la concurrence américaine, annonce de nombreux bouleversements.
Qu’est-ce que la MGM ?
Fondée en 1924 à Hollywood, la Metro Goldwyn Mayer (MGM) est rapidement devenue un poids lourd mondial de la production cinéma puis télé. Au fil des ans, le studio illustré par son lion rugissant au générique des films va produire des chefs-d’œuvre comme « West Side Story », « Chantons sous la pluie » ou « le Silence des agneaux », des sagas marquantes telles « James Bond », « Rocky », « RoboCop », puis des séries incontournables telles que « Vikings », « Fargo » ou « The Handmaid’s Tale ».
Mais le studio avait connu des déconvenues récentes : il était devenu l’un de ceux qui produisaient le moins de films (entre cinq et neuf) ces dernières années, changeant de propriétaire un nombre incalculable de fois. Dans l’incapacité financière de lancer sa propre plate-forme de streaming, à la différence de Warner ou Disney, le studio se vend à un prix raisonnable à Amazon. A titre de comparaison, Disney a racheté la Fox en 2019 pour… 71 milliards de dollars (environ 58,2 milliards d’euros aujourd’hui).
Pourquoi Amazon rachète ce studio ?
Contrairement à Netflix, qui mise sur une stratégie de nouveautés permanentes, Amazon entend, comme Disney +, davantage séduire de nouveaux abonnés avec des films et séries qui vont immédiatement parler au grand public. « La véritable valeur financière de cet accord est le trésor de la propriété intellectuelle du catalogue complet que nous prévoyons de réinventer et de développer avec la talentueuse équipe de MGM », a d’ailleurs analysé Mike Hopkins, vice-président senior de Prime Video et d’Amazon Studios. Mieux, en acquérant un studio de cinéma connu, la plate-forme va devenir productrice de nouveaux films et de licences comme celle de 007 ou des « Rocky ».
Amazon peut-il rivaliser avec Disney + et Netflix ?
Avec la MGM, Amazon fait un grand pas pour se maintenir à leur niveau, voire les dépasser. En enrichissant son offre de films et de séries qui comptent, elle chasse sur les terres de Disney +, qui a su conquérir plus de 100 millions d’abonnés grâce à ses grands classiques, de « Blanche-Neige » à « la Reine des neiges », les merveilles d’animation de Pixar, mais aussi la saga « Star Wars », les Marvel et plus récemment le catalogue Fox ( « Titanic », « Avatar »…).
Face à Netflix et ses 200 millions d’abonnés inondés de créations inédites, Amazon ne compte pas faire la course aux nouveautés mais mise donc sur des valeurs sûres pour ses 170 millions d’abonnés. Un chiffre qui pourrait vite grimper si le rachat de la MGM était validé. Et les plates-formes françaises type Salto dans tout ça ? Pour l’instant, elles ne risquent pas grand-chose, mais à terme, elles pourraient se faire avaler toutes crues « et devenir juste des onglets d’Amazon ou de Netflix », selon Maxime Valette, dirigeant de la communauté de fans BetaSeries. Un peu comme le catalogue Fox est devenu la rubrique Star sur Disney +.
Quelles conséquences pour le cinéma ?
Désormais, ça n’est plus un studio historique de Hollywood qui va produire des films très attendus comme « Mourir peut attendre », le James Bond à venir le 8 octobre, ou le prochain Ridley Scott, « House of Gucci », mais Amazon Prime Video. Le groupe va-t-il prendre le risque de les diffuser directement en streaming sans sortie en salles ? « Il y a peu de chances, estime Maxime Valette, car la plate-forme passerait ainsi pour le méchant ogre qui ne veut plus sortir de films au cinéma. »
En revanche, à l’avenir, Amazon pourrait très bien réserver des productions de MGM aux sorties en salles, d’autres à ses uniques abonnés, ou d’autres encore pour une sortie conjointe, ce que pratique actuellement Warner avec des films tels que « Wonder Woman 84 » ou Disney avec « Nomadland ». À une exception notable : la France, dont le système protecteur de chronologie des médias interdit à un film nouveau de sortir en même temps en salles et en streaming.
Et le public dans tout ça ?
Pour les abonnés, actuels ou à venir, ce rachat sonne comme une bonne nouvelle. Ils vont avoir accès facilement — moyennant le coût d’abonnement à Amazon — à des milliers de contenus prestigieux, de chefs-d’œuvre du cinéma, de séries et programmes marquants. Et la concurrence va forcément réagir, voire surenchérir. Mieux, ce rachat signifie, à terme, qu’Amazon va développer des produits et contenus interactifs sur des licences qui, pour l’instant, se voyaient cantonnées au cinéma. La plate-forme produit déjà une série consacrée au « Hobbit », et on peut imaginer qu’elle en mette bientôt une en chantier sur James Bond ou qu’elle crée des jeux vidéo autour de « Rocky » ou de « RoboCop ».
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Divertissement
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