- « Possessor » raconte l’histoire d’une tueuse à gages très particulière qui se glisse dans la peau d’anonymes pour commettre ses forfaits.
- Andrea Riseborough est la révélation de ce film signé par Brandon Cronenberg, le fils de David.
- Cette œuvre dérangeante a été couronnée par le Grand prix de Festival de Gérardmer 2021.
Brandon Cronenberg doit en voir assez qu’on lui parle de son père David. Pourtant il reste courtois quand on lui en parle. Il faut dire que le réalisateur de 36 printemps sort de l’ombre de son géniteur avec Possessor, Grand prix du Festival de Gérardmer 2021. « Mon père a adoré le film, explique Brandon Cronenberg à 20 Minutes, mais il est sans doute bienveillant parce que c’est l’une des caractéristiques des Canadiens que nous sommes. »
Brandon Cronenberg est trop modeste. Possessor est un petit bijou dérangeant à souhait qui reste accroché dans la tête pendant fort longtemps. Les aventures sanglantes d’une tueuse à gages un peu particulière fascinent dès les premières scènes. Une étrange machine permet à cette jeune femme de se glisser dans le corps d’une personne innocente pour changer d’apparence avant d’aller trucider sa proie.
Une force glaciale
« Elle doit se suicider pour pouvoir réintégrer son propre corps, déclare Brandon Cronenberg. Cela tourne mal quand elle tombe sur quelqu’un qui est aussi fort qu'elle. » Andrea Riseborough, vue dans Birdman de Alejandro Gonzales Iñárritu et dans Oblivion de Joseph Kosinski et dans la série Black Mirror est la révélation du film. « Elle avait aimé mon premier long-métrage Antiviral et savait donc à quoi s’attendre quand je lui ai proposé ce personnage impitoyable. Elle m’a constamment surpris en allant encore plus loin que ce que j’imaginais. » La comédienne apporte une force glaciale à un rôle fascinant. Elle est plus inquiétante face à son mari et à son fils que les armes à la main ou que quand elle reçoit les ordres de sa superviseuse jouée par Jennifer Jason Leigh.
Ennemi de l’eau tiède
C’est un véritable cauchemar que Brandon Cronenberg propose de vivre dans ce mélange de polar et de science-fiction à réserver à un public averti. « Je me donne aucune limite en termes de sexe et de violence, insiste-t-il. Je veux offrir au spectateur une expérience originale. » On ne peut pas reprocher au cinéaste de ménager qui que ce soit. Exécutions brutales, métamorphoses douloureuses et scène d’amour surprenante sont au rendez-vous de ce poème macabre qui tourne parfois au cinéma expérimental pour mieux nous malmener. « Rien n’est plus ennuyeux que l’eau tiède, celle des films qui laissent indifférents », martèle Brandon Cronenberg. Possessor ne rentre clairement pas dans cette catégorie.
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